Sébastien, JL CORP vient de se voir décerné l'Award du meilleur CSI d'Universal Robots en France pour 2020. Que signifie cette récompense pour vous ?
SD : Cette récompense est le reflet de la confiance que nous avons avec nos clients, avec notre équipe et de notre relation avec Universal Robots. Les cobots UR sont de beaux produits et JL CORP s’appuie sur une équipe formidable, qui est très appréciée et avec laquelle les gens aiment travailler.
C’est, je pense, la clé de notre succès. Nous sommes francs avec nos clients, même si une opération qu’ils planifiaient peut ne pas aboutir. On travaille sur le long terme, et cela passe par la création d’une relation de confiance. On ne vend pas des robots, on gagne des clients et des partenaires qu’on accompagne pas à pas vers des solutions de robotique collaborative.
C’est un état d’esprit, c’est une vision, c’est une manière de travailler… que cet Award récompense. C’est très important pour nous et ça signifie beaucoup.
2020 a été une année très particulière. Comment l’avez-vous vécue ?
Sur l’année 2020, tous les projets que nous avions en cours ont pu se concrétiser. Malgré le COVID, aucun client ne nous a lâché. Ils ont même profité du contexte amené par la pandémie pour renforcer les projets d’innovation qu’ils avaient prévus sans reculer sur ce qu’ils avaient projeté.
Cette année a aussi marqué un virage : nous avons accompagné des entreprises dans l’intégration de leur deuxième ou troisième robot collaboratif.
Et puis surtout, l’équipe s’est renforcée et nous sommes à présent une dizaine chez JL CORP.
L’équipe JL CORP lors de la remise de l’Award du meilleur CSI d'Universal Robots en France pour 2020
Avez-vous un exemple en tête d'une belle application mise en place en 2020 par JL CORP ?
Je n’ai que de belles applications ! Les primo-acquéreurs sont souvent les plus motivés et utilisent le cobot pour faire des choses vraiment formidables.
Notamment dans des applications de logistique. J’ai en tête une application de co-packing pour un transporteur, avec des produits fabriqués en France puis envoyés en République Tchèque pour leur mise en boîte par un sous-traitant. Dans ce cas, le cobot a permis de garder ces opérations en France au lieu de les sous-traiter.
Ce type d’application intéresse beaucoup les entreprises de ce secteur car elle permet d’automatiser des tâches logistiques qu’il serait quasiment impossible de garder en France sans recourir à la cobotique. Ce sont des activités difficiles, pénibles, punitives, où des opérateurs manipulent jusqu’à 8 tonnes par jour. Avec un cobot, tout devient plus simple. On rapatrie en France la valeur ajoutée.
La question de la pénibilité revient-elle souvent ? Est-ce un enjeu pris en compte par les entreprises ?
Les questions de répétabilité, réduction de la pénibilité, TMS… sont très importantes. Pour les entreprises, c’est un élément motivant primordial. Les gestes pénibles concernent souvent des opérateurs ou opératrices de plus de 40 ans, qui travaillent dans le froid - entre 4 et 7°C - sur des tâches de palettisation.
Pour ces personnes, le cobot est une solution qui vient les aider. Pour faciliter le travail des opérateurs et les faire rester dans l’entreprise, il faut mettre en place des moyens qui rendront leur travail moins pénible et répétitif.
Une entreprise qui investit dans des cobots, investit dans l’avenir, réduit ses coûts et reste pérenne. Si elle ne le fait pas, d’autres concurrents le font, les dépassent et les salariés se retrouvent au chômage car leur entreprise n’a pas su rester compétitive.
C’est quelque chose que beaucoup oublient. Dans le concept de « cobot », il y a « robot » et « collaboratif », donc de l’humain. La cobotique, ce sont des humains avec des robots. On ne se dirige pas vers des usines déshumanisées et remplies de robots.
De ce fait, nous avons beaucoup d’intégration d’applications visant à réduire la pénibilité. Du co-packing, du ponçage ou du traitement de surface, de la peinture, de l’encollage, du soudage, de l’ébavurage… des tâches très difficiles, avec des variations de qualité dues au geste humain.
A titre d’exemple, un de nos clients, dans le secteur de la biologie pharmaceutique, avait une tâche où il fallait déplacer très lentement, bras tendus, des plateaux de 9-10 kilos, remplis de flacons, dans un environnement classé, et ce, 200 fois par chargement. La tâche a été transférée à un cobot, ce qui a permis aux opérateurs de se concentrer sur leur supervision et sur d’autres tâches moins pénibles, faisant ainsi baisser le nombre des arrêts de travail.
Quelle tendance observez-vous en France en matière de cobotique ?
Il y a encore une grande méconnaissance de la robotique collaborative, et ce, même dans les grandes entreprises issues de secteurs traditionnellement robotisés. Même chez de grands constructeurs automobiles, on est encore dans une phase de découverte.
Le profil le plus typique, ce sont en majorité les primo-acquéreurs, où leur premier projet est souvent très réfléchi et génère beaucoup de stress, d’inquiétudes et d’interrogations.
Pour beaucoup d’entreprises, avoir un cobot est aussi important pour leur image, même si elles ne l’avaient pas imaginé à l’origine du projet. C’est aussi cela qui les amène à franchir le cap de l’achat d’un deuxième ou troisième cobot.
Mais dans l’ensemble, il y a encore beaucoup de chemin à faire. Cela fait 6 ans que je prêche la cobotique partout où je vais, mais ce travail d’évangélisation doit se poursuivre pour casser les idées reçues.
Atelier JL CORP à Lille