Vers un déploiement d’une transformation industrielle sur dix ans
« Pour réindustrialiser la France, nous avons besoin de robotiser, de numériser notre industrie, de rattraper notre retard », a-t-il ajouté. La réindustrialisation de la France est en marche et le plan « France 2030 » se dévoile davantage : une enveloppe de 800 millions d’euros sera consacrée au développement du secteur de la robotique dont 400 millions pour la fabrication des robots qui intègrent de l’intelligence artificielle pour « accompagner la transformation de sites industriels qui vont de manière massive vers de la machine intelligente », a précisé Emmanuel Macron.
Conscient que la France affiche un retard industriel en matière de robotique, le président de la République ressent l’urgence d’investir dans l’automatisation de nos industries. Une étape indéniablement nécessaire afin d’espérer la relocalisation de notre fleuron industriel. L’enjeu est titanesque, alors même que la France demeure en 7e position mondiale en nombre de robots déployés, selon la Fédération Internationale de la robotique (IFR)…
Où en est réellement la robotique, dans le monde et en France ?
Dans son dernier rapport « New World Robotics 2021 », la Fédération Internationale de la Robotique (en anglais IFR), dévoile que sur l’année 2020, malgré la pandémie de Covid-19, la robotisation ne cesse de croître dans les usines du monde entier. Le secteur compte désormais 3 millions de robots industriels en fonction dans le monde et signe sa troisième meilleure année.
Sans surprise, la Chine arrive en tête du podium avec une faible croissance de 0,5% des ventes de robots, pour atteindre 384.000 unités vendues en 2020. Le Japon avec 38.500 robots installés (en baisse de 23%), les Etats-Unis et la Corée du Sud (en baisse de 8 et 7% respectivement) complètent le podium.
En Europe, près de 67.700 unités totales ont été répertoriées par l’IFR avec en tête de file l’Allemagne, qui se maintient avec 22.300 robots délivrés soit une hausse affichée de 8%. L’Italie occupe la seconde position avec 8.800 robots (-23%), suivi de la France avec 5.400 robots installés (-20%). Le Royaume-Uni fait figure de mauvais élève avec seulement 2.200 installations malgré une hausse de 8%, portée par l’automobile et l’agroalimentaire… mais aussi le manque de main-d'œuvre.
L’IFR note également que les ventes de robots ont été tirées par une forte attractivité de la Chine… mais aussi par la confirmation de la montée en puissance de la cobotique ces dernières années, qui a connu une augmentation de 6% en un an (passant de 21.000 à 22.000 unités vendues – 11.000 seulement en 2017 pour rappel).
Contraction de « robotique » et « collaborative », la cobotique est l'automatisation accessible à toutes les entreprises. Petits, légers, flexibles et faciles à intégrer, les cobots facilitent considérablement les processus de production industrielle et font partie intégrante de ce qu'on qualifie de 4e révolution industrielle, ou Industrie 4.0 !
L’Industrie 4.0 pour répondre aux défis de la réindustrialisation française ?
L’usine stéphanoise de Siléane, prise en modèle par le chef de l’Etat, conçoit de la robotique « adaptative », c’est-à-dire misant sur l’intelligence artificielle.
Toutefois, est-il nécessaire de se projeter vers une industrie ultra-connectée et dictée par l’intelligence artificielle alors que des technologies - existantes, plus répandues et éprouvées - n’ont pas totalement été exploitées par les entreprises françaises ?
Pour agrémenter le dernier rapport de l’IFR, Marina Bill, présidente du comité des fournisseurs de robots industriels de l'IFR a souligné : « Les industries et les organisations réalisent de plus en plus le rôle de l'automatisation dans l'augmentation de la productivité et les robots permettent la flexibilité nécessaire pour maintenir et augmenter les activités des entreprises […] Il est de plus en plus reconnu que l'évolutivité des robots et leur capacité à réduire les coûts, tout en améliorant la productivité et la qualité, contribue à soutenir la création d'emplois, en particulier dans les PME ».
En effet, les technologies de l’Industrie 4.0 - la cobotique en tête - répondent aujourd’hui aux nombreux défis de l’industrie, sans impact négatif sur l’emploi dans le secteur. Bien au contraire !
La robotique collaborative place l’humain au cœur de l’industrie du futur
Si les robots traditionnels excellent dans la production de produits standardisés ne nécessitant que peu d’intervention de l’Homme, l’imagination et la « patte » humaine sont encore indispensables dans de nombreux secteurs d’activité.
Symboles de la collaboration homme/robot, les cobots sont légers et flexibles, plus petits que les robots industriels classiques. Ils permettent une production de masse, tout en préservant le savoir-faire humain pour tout ce qui touche à la personnalisation, sans pour autant négliger la qualité des produits.
Leur grande force réside aussi dans leur capacité à s’adresser à tout type d’entreprise et à fonctionner dans n’importe quel environnement de production, y compris dans un même espace de travail qu’un opérateur humain, et ce, sans barrière de sécurité.
De plus en plus utilisés partout dans le monde, les cobots se sont également fait une place de choix en France. Outre les grands groupes qui ont défriché les usages, des PME ont aussi fait le choix d’accueillir des cobots pour mettre en place des projets d’automatisation collaborative. Et ce depuis déjà plusieurs années, avec systématiquement à la clé une hausse de la productivité mais surtout de meilleures conditions de travail pour les opérateurs voire dans certains cas une hausse de effectifs.
La cobotique au service de la relocalisation et du Made in France
« On a vu pendant la crise du Covid des constructeurs ou des équipementiers automobiles fabriquer des respirateurs. Ils savent assembler des pièces de métal et de plastique, de l'électronique et des ventilateurs, mais il faut pouvoir reconfigurer rapidement des machines polyvalentes comme les robots et réarranger les lignes de production », a indiqué Emmanuel Macron lors de sa visite à Saint-Etienne. C’est exact… et la cobotique, de par sa flexibilité et sa facilité de reprogrammation, a su répondre à cette problématique !
C’est ainsi qu’en Espagne, l’usine SEAT située à Martorell, près de Barcelone, a réorienté en quelques semaines sa production et a produit près de 300 respirateurs par jours pendant la période du confinement. En France, dès mars 2020, au tout début de la crise liée à la Covid-19, le groupe VLAD s’est retrouvé confronté à une explosion de la demande de batteries pour respirateurs. L’entreprise a pu compter sur les cinq robots collaboratifs Universal Robots installés au sein de son site de Parçay-Meslay pour accroitre sa productivité, tout en améliorant les conditions de travail de ses opérateurs.
Qui plus est, face aux diverses crises de ces dernières années, beaucoup ont pointé la dépendance de l’hexagone aux marchés extérieurs, notamment asiatique. Une position qui fragilise le pays. Le gouvernement avait alors mis en place divers dispositifs successifs – pacte productif, suramortissement puis dernièrement « France Relance » – incitant fortement les industriels à moderniser et opter en tête de liste pour des équipements de robotique et de cobotique en vue d’encourager la relocalisation des entreprises françaises.
Des aides à l'investissement de transformation vers l'industrie du futur qui ont fait leur preuve. A titre d’exemple, l’entreprise saône-et-loiréenne Repack-S a pu bénéficier du plan « France Relance » pour l’acquisition d’un cobot. Un investissement qui a permis à Repack-S de gagner 30% de productivité en 2021.
Autre exemple, bien que n’ayant pas bénéficié à l’époque de subventions, BWIndustrie, une PME industrielle située en Moselle spécialisée dans le dégraissage industriel et d’usinage de pièce mécanique. Il y 9 ans, pour sauver de la délocalisation un projet sur une pièce usinée face à une concurrence grandissante, BWIndustrie a décidé de se lancer dans l’automatisation collaborative. Résultats depuis, un chiffre d’affaires bondissant de 70% et une hausse de ses effectifs de 50%.
Finalement, nous le constatons, les cobots ont trouvé leur place au sein des équipes de production et les opérateurs sont de moins en moins réticents à leur intégration. Elle répond aux défis actuels de compétitivité des entreprises françaises et se met au service du Made in France. Nous prenons collectivement conscience de l’importance d’une industrie française forte, une industrie plus résiliente, plus durable et surtout plus centrée sur l’humain. Ce plan d’investissement France 2030, marque enfin et durablement le retour de l’Industrie française sur le devant de la scène.