Quel état des lieux de la cobotique en France dresseriez-vous aujourd’hui ?
Elle progresse bien ! De plus en plus d’entreprises font appel aux cobots, en France comme dans le monde. La France fait partie des trois premiers pays utilisateurs de robots industriels au sein de l'Union européenne, et commence petit à petit à rattraper son retard sur ses voisins Allemands et Italiens, avec un record d’installations en 2020.
L’automatisation des activités de production est devenue accessible aux TPE/PME. La crise économique a permis à beaucoup d’entreprises de réaliser les avantages des cobots : une meilleure productivité associée à une diminution du taux d’erreurs, une flexibilité exceptionnelle qui leur permet d’accomplir de nombreuses tâches à faible valeur ajoutée, ainsi qu’une amélioration des conditions de travail des opérateurs, et ce, à un prix tout à fait concurrentiel. Les avantages économiques sont tels que les entreprises peuvent relocaliser en France, et rester compétitives à l’international.
Si la robotique collaborative a permis de lever les freins à l’automatisation pour les entreprises, le manque de compétences peut-il aujourd’hui freiner l’avènement de l’Industrie 4.0 en France ?
C’est en effet le cas. Les cobots servent à accomplir les tâches à faible valeur ajoutée dans les processus industriels, comme le vissage à la chaîne ou la palettisation. Mais pour exploiter pleinement leur potentiel, il faut des techniciens ou des ingénieurs formés à leur programmation et leur utilisation. Or il y a encore beaucoup de chemin à accomplir à ce niveau-là, la France fait indéniablement face à un manque de compétences en robotique.
Cependant on peut dire que la prise de conscience a eu lieu et l’on voit aujourd’hui une réelle dynamique autour des formations robotiques de tous niveaux, que ce soit dans l’éducation nationale, l’enseignement supérieur ou dans les centres de formation professionnelle.
Il faut généraliser les formations en robotique, mais aussi familiariser de manière concrète les élèves, dès le lycée, voire même avant, à l’utilisation des robots. C’est en formant nos jeunes aux technologies du futur que nous leurs donnerons les clés de leur avenir professionnel. Ce sont ces futurs professionnels formés à la cobotique qui permettront le déploiement à grande échelle de cette technologie au sein des entreprises, et contribueront ainsi au rebond économique de la France. Rappelons qu’en 2025, c’est plus de la moitié des tâches actuelles qui pourront être automatisées, selon le Forum économique mondial, qui prévoit par ailleurs la création nette de 58 millions de nouveaux emplois au cours des 5 prochaines années, directement liés à la « révolution robotique ». C’est à nous de faire en sorte que ces emplois se trouvent en France, et pas à l’étranger.
Vous parliez de généraliser les formations en robotique. Que propose Universal Robots dans ce domaine ?
Universal Robots a déjà prouvé depuis longtemps son engagement sur le secteur de l’enseignement. Il n’y a plus besoin de présenter l’Universal Robots Academy, plusieurs fois primée et qui a déjà formé plus de 100 000 utilisateurs dans plus de 130 pays, en ligne et en présentiel. Plus récemment, nous avons créé un Kit Éducation, à destination des professionnels de l’enseignement, afin d’apporter les cobots en classe. Ce Kit Éducation comprend, en plus du robot collaboratif UR, une formation de la part d’Universal Robots pour l’enseignant afin de l’aider à prendre le cobot en main, d’un logiciel de simulation et de programmation, ainsi que de contenus pédagogiques correspondent aux standards d’Universal Robots pour les aider à la conception des cours.
Avec ce Kit, il est possible de former les élèves de manière concrète à la robotique, en leur permettant de créer leurs premières applications cobotiques, et de se familiariser avec la programmation des cobots, en observant en temps réel l’impact de leurs décisions. Nous avons créé ce Kit à destination des centres et établissements de formation se trouvant près des bassins et clusters industriels.
Si les entreprises profitent d’une génération formée à la robotique, en quoi cette formation profite aux établissements et aux jeunes ?
Pour les apprenants, accéder à une telle formation apporte de nombreux avantages. Ceux formés à cette technologie bénéficient d’une réelle plus-value grâce à cet enseignement, encore peu développé en France, et se retrouvent dotés d’un profil unique. Ils se distinguent des élèves de leur génération n'ayant pas suivi cet apprentissage, et se retrouvent au même niveau que les professionnels de l’industrie. Ce type de profil attire énormément les entreprises, et facilite grandement l’entrée des jeunes sur le marché du travail. Pour les établissements, la capacité de fournir un tel enseignement augmente leur réputation à la fois auprès des jeunes qui pourraient être attirés par ce secteur encore méconnu, mais aussi auprès des entreprises de leur région.
Ce kit peut-il aider les établissements et centres de formation à revoir l’enseignement de la cobotique ?
Notre Kit Éducation est au centre de ce que nous voyons comme la nouvelle collaboration entre fournisseurs de solutions robotiques, établissements - écoles, universités, CFAI - et entreprises industrielles locales. Que les premiers fournissent du matériel et des experts pour aider les seconds à former les futurs professionnels, afin que ces derniers puissent travailler auprès des entreprises industrielles du bassin d’emploi alentour. Une triangulaire qui profiterait à tous ces acteurs, et plus globalement à l’économie française. Notre Kit Éducation s’inscrit dans cette démarche.